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PREMIÈRE GUERRE MONDIALE


PREMIÈRE GUERRE MONDIALE. Guerre qui, de 1914 à 1918, opposa les puissances de l’Europe centrale (Allemagne, Autriche-Hongrie, puis Turquie et Bulgarie) à la France, à la Grande-Bretagne, à la Russie, à la Belgique, à la Serbie, au Japon, puis, successivement, à l’Italie, à la Roumanie, aux Etats-Unis d’Amérique, à la Grèce, au Portugal. Les causes profondes de ce conflit furent d’abord l’antagonisme germano-slave dans les Balkans. Il faut y ajouter les visées coloniales de l’Allemagne et l’intense course aux armements en Europe depuis le début du XXe siècle. Le prétexte de la guerre fut trouvé dans l’assassinat, en Serbie, de l’archiduc d’Autriche François-Ferdinand par un étudiant serbe, le 28 juin 1914. L’Autriche adressa aussitôt un ultimatum à la Serbie, ce qui provoqua l’entrée en guerre de l’Allemagne, d’un côté, et de la France et de la Russie, de l’autre.

Les Allemands attaquèrent la France en passant par la Belgique, pourtant pays neutre. Cette invasion entraîna l’intervention de la Grande-Bretagne. Du 14 au 24 août 1914, en Ardenne, les IIIe, IVe et Ve armées allemandes, sous le haut commandement du général Helmuth von Moltke, dit le Jeune, bousculèrent les IIIe et IVe armées françaises du général Joffre lors de la bataille dite des Frontières. La Ve armée française et l’armée britannique du maréchal French furent repoussées à Charleroi. Les forces alliées durent se replier et le nord de la France fut envahi. Joffre, après avoir regroupé ses forces, remporta cependant la 1ère bataille de la Marne, entre le 5 et le 12 septembre 1914, sur le général Alexander von Kluck. La lutte se poursuivit alors par la fameuse « course à la mer » où les Allemands tentaient d’atteindre la Manche tandis que les Alliés faisaient tout pour les en empêcher : 1ères batailles des Flandres, d’Artois et de Picardie. Après la bataille de l’Yser d’octobre-novembre 1914, les armées françaises et allemandes se trouvèrent immobilisées face à face sur un front étendu de la Suisse à la mer du Nord ; à une guerre de mouvement allait ainsi succéder une guerre d’usure. Les opérations ultérieures devaient constituer une série de tentatives de rupture de ce front. A l’est, les Russes envahirent la Prusse-Orientale mais en furent chassés par la défaite que leur infligèrent la VIIIe armée d’Hindenburg et Ludendorff à la bataille de Tannenberg, entre le 27 et le 30 août 1914. Ils purent cependant fixer les forces austro-hongroises en Galicie. De leur côté, les Serbes vainquirent les Autrichiens au Cer, montagne dominant la Drina, le 24 août 1914 et à la bataille de Rudnik le 3 décembre 1914. Sur mer, l’escadre allemande du vice-amiral Maximilian von Spee vainquit l’escadre britannique de l’amiral Christopher Cradock au cap Coronel, au large du Chili, mais fut détruite le 8 décembre 1914 par les Britanniques aux îles Falkland.

En 1915, le haut commandement allemand fut confié à Erich Falkenhayn qui, étant donné la fixation du front de l’ouest, décida de porter ses efforts sur le front de l’est. Entre avril et septembre 1915, Hindenburg et Mackensen parvinrent à chasser les Russes de Pologne et de Lituanie. Tandis que la tentative des Français et des Britanniques aux Dardanelles se terminait par un échec (bataille de Çanakkale en février 1915), l’Italie et la Bulgarie entraient en guerre et la Serbie s’effondrait.

La 3e année de la guerre vit la dislocation de l’armée russe, malgré les succès du général Broussilov en Galicie et en Bucovine. Elle vit également l’effondrement de la Roumanie qui, rangée en août 1916 aux côtés des Alliés, fut submergée en quelques mois. Ces succès sur le front oriental incitèrent Falkenhayn à porter le coup décisif à l’ouest. En décidant une grande offensive sur Verdun, il avait pour but de forcer les Français à employer le maximum de moyens pour la défense du camp retranché. L’attaque, sous le commandement du kronprinz Frédéric-Guillaume, fils aîné de l’empereur Guillaume II, débuta le 21 février 1916. Le général Joffre, comprenant les intentions de Falkenhayn, sut limiter les effectifs de la défense, malgré les demandes pressantes du général Pétain. Les Allemands comprirent à leur tour qu’il convenait de réduire leurs forces devant l’imminence d’une réplique française. Prévue depuis janvier 1916 par Joffre et par le feld-maréchal britannique Douglas Haig, l’offensive franco-britannique sur la Somme débuta le 1er juillet 1916 sous la direction de Foch. Cette énorme bataille de matériel ne fit reculer le front que de cinq à dix kilomètres au nord et au sud de la Somme. L’offensive s’arrêta en octobre-novembre. Ce fut un échec pour les Alliés, comme Verdun le fut pour les Allemands.

L’année 1917 fut marquée par plusieurs événements qui devaient ultérieurement influer sur l’issue de la guerre. À partir du 1er février, les Allemands exercèrent une guerre sous-marine à outrance qui n’eut d’autre résultat que l’entrée en lice des Etats-Unis d’Amérique qui envoyèrent en France un corps expéditionnaire sous le commandement du général Pershing. En Russie, la chute du tsarisme en mars et le triomphe des Bolcheviks en novembre amenèrent le retrait russe de la guerre : ayant obtenu l’armistice en décembre, les Russes se préparaient à signer la paix, ce qui se fera à Brest-Litovsk en février 1918. En France, des mutineries dans l’armée sanctionnèrent la sanglante et inutile offensive de Nivelle au Chemin des Dames ; lancée le 15 avril, elle ne prit fin qu’en octobre. Son seul bénéfice fut la conquête des plateaux du nord de l’Aisne et le report du front sur l’Ailette. Le front italien vit le désastre de Caporetto qui amena l’invasion de la Vénétie. Sur cette petite localité de Slovénie, les Austro-Allemands, dirigés par le général allemand Otto von Below et le feld-maréchal autrichien Franz Conrad von Hötzendorf, infligèrent en effet aux Italiens une sévère défaite.

Le 21 mars 1918, les Allemands lancèrent une grande offensive qui rompit le front allié, créant une poche de plus de soixante kilomètres de profondeur en direction de Noyon et de Montdidier, écrasant la Ve armée britannique. Le 27 mai 1918, au Chemin des Dames, ils rompirent en quelques heures le dispositif français sur l’Ailette, provoquant la poche de Château-Thierry. Le 15 juillet, ils franchirent la Marne. Ils furent arrêtés en Champagne le 18 juillet par les armées Maistre et Fayolle. Foch, devenu général en chef interallié, répliqua alors par une série d’offensives qui amena finalement les Allemands à demander un armistice qui fut signé le 11 novembre à Rethondes. Ailleurs, sur les autres fronts, ce fut d’abord la bataille de Dobropol : victoire des Serbes et des Français sur les Bulgares le 19 septembre 1918 (la victoire de Louis-Félix Franchet d’Esperey permit d’enfoncer le front bulgare et la capitulation bulgare fut signée le 29 septembre). La Turquie signa l’armistice de Moudros le 30 octobre. En Italie, le général italien Armando Diaz remporta la victoire finale sur les troupes autrichiennes le 25 octobre 1918 à Vittorio Veneto, en Vénétie, ce qui conduisit l’Autriche-Hongrie à signer l’armistice de Villa Giusti le 3 novembre.

La Première Guerre mondiale trouva son aboutissement dans quatre grands traités, ceux de Versailles (28 juin 1919), de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919), de Neuilly (27 novembre 1919) et de Trianon (4 juin 1920). Elle entraîna la disparition des quatre empires européens : celui des Romanov, ceux des Hohenzollern et des Habsbourg, celui des Ottomans. Elle enfanta des nations nouvelles (Yougoslavie, Tchécoslovaquie). Elle permit à la France de récupérer l’Alsace et la Lorraine, perdues en 1871. Elle fut à l’origine de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU.

Liste alphabétique des grandes batailles de la Première Guerre mondiale : Ailette, Aisne, Ardenne, Argesh, Argonne, Artois, Augustovo, Avre Picarde, Berry-au-Bac, Bolimow, Brasov, Brody, Bzura, Cambrai, Çanakkale, Caporetto, Cer, Cerna, Champagne, Charleroi, Château-Thierry, Chemin des Dames, Cocos (îles), Coronel, Craonne, Crêtes de Belgique, Ctésiphon, Dobropol, Dogger Bank, Drina, Dunajec, Erzincan, Escaut, Falkland, Fère-Champenoise, Flandres, Gorlice, Grand-Couronné de Nancy, Guise, Gumbinnen, Héligoland, Isonzo, Jutland, Krasnik, Langemark, Lódz, Malmaison, Marne, Mazures (lacs), Megiddo, Montdidier, Montfaucon-d’Argonne, Morhange, Morin (Grand et Petit), Namur, Narva, Otrante (canal d’), Ourcq, Piave, Picardie, Portes de Fer, Quatre Rivières, Rossignol, Rudnik, Saint-Gond (marais de), Saint-Mihiel, Saint-Quentin, Sardarabad, Sibiu, Somme, Tannenberg, Trouée de Charmes, Vailly, Verdun, Villers-Brettonneux, Vimy, Vittorio Veneto, Ypres, Yser, Zborov.

Bibliographie :

  • Sir Basil Liddell Hart, Histoire de la guerre de 1914-1918, 1931.
  • Louis-Paul-André Chack, L'Histoire maritime de la Première Guerre mondiale (1969).
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