WATERLOO. Commune de Belgique (Région wallonne), dans la province du Brabant wallon, à cinq kilomètres au nord du fameux champ de bataille. Victoire des Alliés, dirigés par Arthur Wellesley, 1er duc de Wellington, marquis de Douro, sur Napoléon Ier le 18 juin 1815. Ce jour-là, Napoléon y fut en effet défait par les Britanniques de Wellington et les Prussiens du feld-maréchal Gebhard Leberecht Blücher, prince Blücher von Wahlstatt, et du général Friedrich Wilhelm Bülow, comte Bülow von Dennewitz, commandant un corps d’armée, défaite qui provoqua sa chute et sa seconde abdication. Après avoir battu les Prussiens de Blücher à Ligny le 16 juin, il avait chargé le marquis Emmanuel de Grouchy, à la tête de la cavalerie de réserve de l’armée du Nord, de les poursuivre. Napoléon alla à la rencontre de Wellington (le 17 juin) que Blücher rejoignit le lendemain. À la tête de l’infanterie (Britanniques, Hanovriens, Hollandais, Belges), Wellington résista aux assauts de la cavalerie du général François-Étienne Kellermann, le fils du vainqueur de Valmy, futur pair de France. Le maréchal de France Michel Ney, duc d’Elchingen et prince de la Moskova, surnommé le Brave des braves, à la tête de la cavalerie et de l’infanterie, causa de graves pertes à l’ennemi. Finalement, après l’arrivée des Prussiens, l’Empereur engagea la vieille Garde contre Wellington ; elle fut décimée et recula en ordre. Elle attendait le secours de Grouchy mais ce furent Blücher et Bülow et leurs 60 000 Prussiens qui arrivèrent. Napoléon ordonna la retraite. Son quartier général se situait dans le hameau de Belle-Alliance, à quatre kilomètres de Waterloo.
Dans la bataille intervint de façon décisive le comte August Neidhardt von Gneisenau, feld-maréchal prussien. Une partie de la bataille se déroula sur le territoire de la commune belge de Braine-L’alleud : la butte du Lion de Waterloo est un site touristique très fréquenté (musées). Le vicomte Pierre-Jacques-Étienne Cambronne, major général de la Garde impériale commandant une division de la vieille Garde, fit partie du dernier carré de ses troupes ; entouré par des masses ennemies et sommé de se rendre, il aurait répondu, selon la tradition : “La Garde meurt et ne se rend pas”. D’après une version moins épique, il aurait adressé aux Anglais un mot de cinq lettres, le “mot de Cambronne”. Blessé, il fut emmené comme prisonnier en Angleterre. Le général et théoricien militaire prussien Karl von Clausewitz se distingua dans les rangs de l’armée russe. Participèrent également à la bataille de Waterloo (dite aussi du Mont-Saint-Jean) :
- le général de brigade Jean-Baptiste Dommanget ;
- le général de division François-Xavier Donzelot ;
- le général de cavalerie Jacques-Charles Dubois, qui fut blessé ;
- le lieutenant-colonel Auguste-Jean-Baptiste Duchand de Sancey, futur général d’artillerie ;
- Nicolas-René Dufriche, baron Desgenettes (ou des Genettes), médecin militaire français ;
- le lieutenant-colonel René-Jacques-Henri Delaporte, futur maréchal de camp, qui fut blessé à quatre reprises ;
- le sous-lieutenant Phocion Eynard, futur général de brigade ;
- le général de division Pierre-Joseph Habert qui fut grièvement blessé ;
- le futur maréchal de camp Jean-Louis Baux, dit Lebeau ;
- le comte Charles Lefebvre-Desnouettes, général de division commandant les chasseurs de la Garde impériale ;
- le général de division Louis Lepic ;
- le futur maréchal de France Jean-Baptiste-Philibert Vaillant ;
- le général Honoré-Charles-Michel-Joseph Reille, futur pair et futur maréchal de France ;
- le comte et général de division Louis Friant, commandant des grenadiers de la Garde, qui fut blessé grièvement ;
- Auguste-Étienne Regnault, dit Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, futur maréchal de France, qui fut fait chef de bataillon après la bataille ;
- le général de division François Roguet qui remplaça Friant après sa blessure ;
- Camille Trézel, futur général de division, futur pair de France et futur ministre de la Guerre, qui perdit un œil et fut promu général de brigade ;
- le général de division Amédée-Louis Despans de Cubières ;
- le futur maréchal de France Jean-Baptiste Drouet d’Erlon ;
- le général de division Guillaume Duhesme, qui, criblé de blessures alors qu’il commandait la jeune Garde, fut lâchement massacré par les Prussiens dans une ferme de Genappe ;
- le futur roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg Guillaume II, qui commandait l’armée hollandaise ;
- le comte de Lobau Georges Mouton, futur maréchal et futur pair de France, qui fut fait prisonnier ;
- l’homme de guerre britannique Fitzroy James Henry Somerset, 1er baron Raglan, aide de camp de Wellington, futur maréchal, qui perdit un bras ;
- le général prussien Dubislav Georg Ludwig von Pirch ;
- Nicolas Jean de Dieu Soult, duc de Dalmatie et maréchal de l’Empire, qui fut probablement l’un des responsables du désastre de Waterloo par son ineptie dans la transmission des ordres ;
- Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon, ex-roi de Westphalie et futur maréchal de France, qui commandait une division et qui fut blessé ;
- le baron Jean-Dominique Larrey, le célèbre chirurgien, qui fut fait prisonnier ; sur le point d’être fusillé, il fut reconnu par des officiers ennemis qu’il avait jadis soignés et fut libéré ;
- le général de cavalerie Jean-Baptiste Corbineau, comte de l’Empire ;
- le général Pierre-François-Joseph Durutte qui fut blessé au visage d’un coup de sabre et perdit la main droite ;
- le général de division Maximilien-Sébastien Foy qui fut blessé ;
- le général de division Claude-Étienne Guyot, baron de l’Empire, qui commandait la cavalerie de la Garde et qui fut blessé ;
- le général Charles-Angélique-François Huchet, comte de La Bédoyère, qui resta un des derniers sur le champ de bataille ;
- le général de brigade François-Antoine Lallemand, futur pair de France ;
- le général Jean-Baptiste Breton, dit Berton ;
- le futur maréchal de camp Jean-Baptiste-Fidèle Bréa ;
- Le général Antoine Drouot, surnommé le “Sage de la Grande armée”, à la tête de l’artillerie de la Garde impériale ;
- le baron Jean-Baptiste-Antoine Marcellin de Marbot, futur lieutenant général, qui se comporta héroïquement ;
- le maréchal Édouard-Adolphe-Casimir Mortier, duc de Trévise, qui soutint mollement l’Empereur ;
- le général Jean-Martin Petit, futur sénateur ;
- le général de division Jean-Jacques Desvaux de Saint-Maurice, commandant l’artillerie de la Garde, qui fut tué tout près de Napoléon ;
- le général anglais Thomas Picton qui fut blessé mortellement ;
- le général Williams Pomsonby ;
- le général David-Henri de Chassé qui commandait une division belge ;
- le baron François-Nicolas-Benoît Haxo, général du génie, futur pair de France ;
- le général Pierre Barrois qui fut blessé ;
- le colonel Henri Baudrand, chef d’état-major du génie, futur lieutenant général ;
- le colonel Louis Bro, futur maréchal de camp, qui fut grièvement blessé ;
- Michel Combes, futur colonel ;
- le comte Pierre-François-Auguste Dejean, général de brigade ;
- le général Claude-Étienne Michel qui fut tué ;
- le général de brigade Pierre-François Bauduin qui fut tué ;
- le général du génie Simon Bernard, futur ministre de la Guerre ;
- le général de division François-Gédéon Bailly de Monthyon, qui fut blessé ;
- le général de division Joseph Boyer de Rebeval ;
- le lieutenant Viala Charon, futur général de division, futur gouverneur général de l’Algérie ;
- les généraux Henri-Gratien Bertrand, Gilbert-Désirée-Joseph Bachelu, qui fut blessé, Charles-Claude Jacquinot, Samuel-François Lhéritier de Chézelles, Jean-Simon Domon, Jacques-Gervais Subervie, futur ministre de la Guerre, Jacques-Antoine-Adrien Delort, Pierre Wathier-Saint-Alphonse, Charles-Alexis-Louis-Antoine Morand, Jean-Jacques-Germain Pelet, Paul-Jean-Baptiste Poret de Morvan, Charles-Auguste-Joseph de Flahaut, Gaspard Gourgaud, baron de l’Empire, futur lieutenant général, Jean-Hyacinthe-Sébastien Chartran ;
- le général de division Pierre-David de Colbert, baron de l’Empire, qui fut blessé ;
- le général de division Jean-Dominique Compans, futur pair de France, qui fut fait prisonnier ;
- le général de division Philibert Curial.
Les coalisés eurent près de 40 000 hommes hors de combat. Lors de la bataille furent utilisées des fusées Congreve, du nom de leur inventeur, sir William Congreve, officier d’artillerie britannique. Après Waterloo, le roi Louis XVIII conféra à Wellington le titre de “marquis de Brunoy”.
La légende de Waterloo.- Trafalgar, la Bérézina, Waterloo, telles sont les trois grandes défaites françaises que le langage populaire associe aux catastrophes. Waterloo demeure pourtant en la matière la meilleure référence car elle est empreinte de ce sentiment d'injustice que l'on ressent quand le destin est plus fort que la logique : Napoléon aurait dû gagner la bataille de Waterloo. S'il n'en a pas été ainsi, c'est parce qu'une série d'incongruités du sort ont démoli à plaisir la belle mécanique qui devait conduire à la victoire. Ces incongruités, on peut en citer plusieurs dont aucune, prise isolément, ne fut à elle seule déterminante : ainsi la maladresse du maréchal Soult dans la transmission des ordres, ainsi l'incroyable négligence d'un Grouchy comme frappé d'amnésie. Waterloo est donc devenu un lieu légendaire : c'est la "morne plaine" de Victor Hugo, c'est le fameux mot de Cambronne, c'est le début de la fortune d'un certain Rotschild qui parvint à faire croire à Londres que Napoléon était vainqueur et qui put ainsi faire main basse sur la bourse des valeurs agonisante. Waterloo, c'est enfin la chute de l'Empire ; mais c'est sans doute aussi le commencement de la fin pour les monarchies européennes autoritaires : la Révolution française, débarrassée de son épée, va pouvoir enfin partir à la conquête pacifique des peuples. Waterloo, en dernier ressort, c'est le Waterloo de l'aristocratie européenne.
Iconographie :
- Bataillon sacré à Waterloo, lithographie de Denis-Auguste-Marie Raffet ;
- Le Général Cambronne à Waterloo (le Français meurt et ne se rend pas), estampe de Cadet-Louis Abadie (musée national des Arts et Traditions populaires, Paris) ;
- Waterloo. Bataille du mont Saint-Jean. 18/06/1815, dessin du major Kunts ;
- Bataille de Waterloo. 18 juin 1815, tableau de Clément Auguste Andrieux (musée national du château de Versailles).
Bibliographie :
- Lieutenant C.-P. Escalle, Des marches dans les armées de Napoléon : Borghetto (1796), Ulm (1805), Smolensk (1812), Lützen et Dresde (1813), Waterloo (1815), 1912 (reproduction en fac-similé par les Éditions historiques Teissèdre, 2003 ;
- Lieutenant-colonel Jean-Baptiste-Adolphe Charras, Histoire de la campagne de 1815 : Waterloo, 1857 ;
- Charles Malo, Champs de bataille de l'armée française, Paris, Hachette, 1901 ;
- John Keegan, Anatomie de la bataille. Azincourt 1415. Waterloo 1815. La Somme 1916. Robert Laffont, 1993 ;
- Louis Navez, Le Champ de bataille et le pays de Waterloo en 1815 et actuellement, Bruxelles, 1908 ;
- W. Aerts, Waterloo ; opérations de l'armée prussienne du bas-Rhin pendant la campagne de Belgique en 1815, depuis la bataille de Ligny jusqu'à l'entrée en France des troupes prussiennes, Bruxelles, 1908 ;
- W. Aerts et L. Wilmet, 18 juin 1815 : Waterloo : l'attaque de la Garde, les derniers carrés, la déroute, Bruxelles, 1904 ;
- J.-H. Anderson, The Waterloo Campaign, Londres, 1907 ;
- G. Barral, L'Épopée de Waterlo... composée d'après les documents inédits et les souvenirs de mes deux grands-pères..., Paris, 1895 ;
- A.F. Becke, Napoléon and Waterloo, Londres, 1914 ;
- H. Houssaye, 1815, Waterloo, Paris, 1898 ;
- Lachouque, Le Secret de Waterloo, Paris, 1952 ;
- A. Pollio, Waterloo, Paris, 1908 ;
- A. de Vaulabelle, Campagne et bataille de Waterloo, d'après de nouveaux renseignements et des documents complémentaires, Paris, 1845 ;
- Jean-Claude Damamme, La bataille de Waterloo, Perrin, 1999 ;
- Jac Weller, Wellington at Waterloo, Greenhill Books, London, 1967 ;
- Philippe de Meulenaere, Bibliographie analytique des témoignages oculaires imprimés de la campagne de Waterloo, Paris, Teissèdre, 2004 ;
- Jacques Logie, Waterloo. La campagne de 1815, Bruxelles, 2003 ;
- Peter Hofschröer, 1815. The Waterloo Campaign, Pennsylvania, 1998-1999 ;
- Captain W. Siborne, History of the War in France and Belgium in 1815, Londres, 1848 ;
- David Hume, Tobias Smollet, John Aikin et John Adolphus, Histoire d'Angleterre, Paris, Furne, 1839, tome XIII ;
- Adolphe Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, Paris, Paulin, 1862, tome XX ;
- "Waterloo, la bataille de la dernière chance", article de Jacques Garnier dans Napoléon Ier, n° 27, juillet-août 2004 ;
- La bataille de Waterloo inspira de nombreux écrivains (notamment Stendhal dans le début de La Chartreuse de Parme) ;
- Les Misérables, ce roman de Victor Hugo, reprend l'anecdote sur le "mot de Cambronne" ;
- Waterloo, roman d'Émile Erckmann et Alexandre Chatrian (Erckmann-Chatrian, 1865) ;
- Claude Merle, Dictionnaire des grandes batailles du monde européen, Pygmalion, 2009.