MARNE. Rivière du Bassin parisien, affluent rive droite de la Seine. La 1ère bataille de la Marne (5-12 septembre 1914) vit la victoire des Français sur l’armée allemande commandée par le général Alexander von Kluck. Alors que les armées françaises battaient en retraite, Joseph Joffre et son état-major (dont faisait partie Maurice-Gustave Gamelin), ainsi que Joseph-Simon Gallieni, gouverneur de Paris, conçurent, dès le 25 août, la manœuvre destinée à rétablir la situation. Celle-ci consista à poursuivre la retraite en attirant l’aile marchante allemande vers le sud-est, tandis qu’une VIe armée française, commandée par le général Joseph Maunoury (fait maréchal à titre posthume en 1923), était concentrée devant Paris. Lorsque la Ière armée allemande, celle de Von Kluck, affaiblie par des prélèvements de troupes, destinés au front oriental par le général Helmuth von Moltke, eut franchi la Marne, elle fut attaquée sur son flanc le 5 septembre. L’offensive française eut lieu du 6 au 13 septembre sur un front allant de l’Ourcq jusqu’à Verdun et Nancy (Grand-Couronné de Nancy). Les principales batailles furent celles de l’Ourcq, engagée par Maunoury, du Grand et du Petit Morin (du 5 au 10 septembre) où John Denton Pinkstone French, commandant du corps expéditionnaire britannique, et le général Louis-Félix Franchet d’Esperey, futur maréchal de France, commandant la Ve armée, ouvrirent une brèche, et des marais de Saint-Gond où Ferdinand Foch contint les assauts du futur feld-maréchal Karl von Bülow avant de passer à la contre-offensive. Le 9 septembre, le repli allemand commença vers l’Aisne. Le plan Schlieffen (du nom du maréchal Alfred von Schlieffen) avait ainsi échoué. L’un des responsables de la défaite allemande fut Karl von Bülow. Le grand responsable en fut cependant le général Helmuth von Moltke, dit le Jeune, qui commit l’erreur stratégique de renforcer les fronts de Lorraine et de Prusse-Orientale au lieu d’accorder le maximum de forces à son aile marchante qu’il laissa dégarnie sur son flanc droit. La IVe armée française était commandée par le général Fernand de Langle de Cary. Le futur maréchal de France Ferdinand Foch, à la tête de la IXe armée, contribua à la victoire française par son action énergique à Mondement, Fère-Champenoise et aux marais de Saint-Gond. Le général Joseph-Simon Gallieni eut une part décisive au succès français en organisant le transport de troupes par taxis (pendant toute la journée du 7 et la nuit du 7 au 8 septembre, environ 10 000 hommes furent ainsi transportés en quelques heures à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Paris). Le général Philippe Pétain, futur maréchal de France, participa à la bataille. Le général Maurice Sarrail, à la tête de la IIIe armée, fit de Verdun un môle de résistance à l’avance allemande et un point d’appui de la manœuvre de la Marne. Le quartier général de Joffre, pendant la bataille, se trouvait à Vitry-en-Perthois. Le chef d’orchestre Pierre Monteux participa à la bataille. Le photographe allemand Erich Salomon fut fait prisonnier. Le prince de Prusse Frédéric-Guillaume (le Kronprinz) commandait la Ve armée allemande. Participèrent également à cette grande bataille les généraux Battesti, Dubois, Radiguet, Pambet, Joppé, Legrand-Girarde, Georges-Louis Humbert, Grossetti, Marie-Antoine-Henry de Mitry.
La 2e bataille de la Marne fut gagnée par le futur maréchal de France Ferdinand Foch, généralissime des armées alliées, en juillet 1918. L’offensive du 27 mai 1918 (bataille de Château-Thierry) avait ramené les Allemands sur la Marne, franchie le 15 juillet. Dès le 18, la contre-offensive de Foch, avec l’attaque de flanc menée par le général Charles Mangin, à la tête de la Xe armée, sur le Matz, depuis la forêt de Villers-Cotterêts, organisée par le futur maréchal de France Émile Fayolle, contraignit le général Erich Ludendorff à la retraite et inaugura les offensives de la victoire des forces alliées. À la tête de la VIe armée, le général Jean-Marie-Joseph Degoutte fut l’un des vainqueurs de cette bataille à laquelle participèrent également des divisions américaines, britanniques et italiennes. Les Alliés firent 30 000 prisonniers et prirent plus de 600 canons et de 3 000 mitrailleuses.
Bibliographie :
- Pierre Miquel, La bataille de la Marne, Éd. Plon ;
- Philippe Conrad, Le sang de la Marne : septembre 1914, Bayeux, Heimdal, 1992 ;
- Maréchal Von Bülow, Mon rapport sur la bataille de la Marne, 1921 ;
- Lieutenant-colonel Charbonneau, La bataille des Frontières et la bataille de la Marne ;
- Général H. von Kuhl, La campagne de la Marne en 1914, 1927 ;
- Colonel Hurault de Ligny, La division du Maroc aux marais de Saint-Gond, 1933 ;
- Maréchal Ferdinand Foch, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre 1914-1918, Paris, Plon, 1931, tomes I et II ;
- André Laurent, La Grande Guerre en Champagne et la deuxième victoire de la Marne, Lyon, Horvath, Paris, Secrétariat d'État aux anciens combattants, 1994 ;
- Capitaine Robert Vilatte, Foch à la Marne, 1933 ;
- Claude Merle, Dictionnaire des grandes batailles du monde européen, Pygmalion, 2009.