ÉGYPTE (campagne d’). Le Directoire cherchait à indisposer le commerce maritime anglais. Il n’est pas douteux par ailleurs qu’il voulait trouver le moyen d’éloigner de France un général trop célèbre et trop ambitieux. Quant à Bonaparte, ses succès foudroyants en Italie lui avaient sans doute soufflé le désir de marcher sur les pas d’Alexandre III le Grand. L’intelligentsia française, pour sa part, appelait de ses vœux une aventure si pleine de promesses poétiques et de découvertes archéologiques. Enfin, les commerçants français installés sur les bords du Nil ne voyaient pas d’un mauvais œil une expédition qui leur apporterait une sécurité qui leur faisait défaut. Quoi qu’il en fût, c’est une petite armée de 32 000 hommes qui embarqua à Toulon le 19 mai 1798, s’empara en passant de Malte et débarqua de force à Alexandrie le 2 juillet suivant. L’année 1798 sera marquée pour elle par une victoire demeurée légendaire, celles des Pyramides, et par un désastre, celui d’Aboukir. En 1799, Bonaparte s’empara de Gaza et de Jaffa, puis mit le siège devant Saint-Jean-d’Acre ; malgré sa victoire sur les Turcs au Mont-Thabor et celle d’Andoche Junot à Nazareth, il ne parvint pas à s’emparer de la ville. Il revint en Égypte pour contrer une tentative de débarquement des Turcs qu’il vainquit à Aboukir le 25 juillet. Il quitta secrètement l’Égypte le 25 août, laissant le commandement de l’armée à Kléber. Après les victoires du général Verdier contre 8 000 janissaires débarqués par les Anglais à Damiette le 1er novembre 1799 et de Kléber à Héliopolis le 20 mars 1800, survint l’assassinat de ce dernier par un fanatique musulman le 14 juin 1800. Le commandement passa au général Menou. Le 8 mars 1801, sir Ralph Abercromby, général britannique, débarqua à Aboukir et enleva la place aux Français. Il vainquit de nouveau ces derniers le 21 mars 1801 à Canope. Dès lors, Menou négocia avec les Anglais les conditions d’évacuation de l’armée française.
