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1792-1815 Le grand bouleversement


1792 La République contestée au-delà et en deçà des frontières. Le roi de France a été renversé par les sections républicaines. La royauté sera bientôt abolie. À l'intérieur, les Vendéens, demeurés fidèles à leur roi, se sont soulevés. À l'extérieur, les souverains européens, inquiets, fourbissent leurs armes pour venir au secours de Louis XVI. Déjà quatre grandes batailles vont se dérouler : Bressuire, Valmy, Jemappes et Anderlecht.

1793 L'année de tous les dangers. Cette fois, l'Europe a vraiment peur de cette inexplicable révolution. Louis XVI a été guillotiné le 21 janvier. Autrichiens et Prussiens décident de débarrasser l'Europe du chancre révolutionnaire avant qu'il ne puisse sévir au-delà des frontières françaises. Ils vont être aidés par les Anglais qui pénètrent sur les champs de bataille. Ils vont surtout l'être par les Vendéens qui multiplient leurs actions, ouvrant ainsi une deuxième source de dures confrontations armées. Heureusement pour elle, la toute jeune République découvre les talents d'une nouvelle génération de grands capitaines : Jourdan, Moreau, Pichegru n'ont que la trentaine ; Marceau et Hoche n'ont pas vingt-cinq ans ; tous les cinq, et bien d'autres, vont entrer dans la légende.

1794 Un certain Napoleone Buonaparte. En cette année 1794, on se bat un peu partout, en Vendée, mais aussi en Bretagne, dans le Nord, en Belgique, dans les Pyrénées, en Italie, en Allemagne. Un certain Napoleone Buonaparte, officier d'artillerie qui s'est déjà distingué l'année précédente au siège de Toulon, va commander l'artillerie à la campagne d'Italie et va être nommé général de brigade. Le destin de l'un des plus grands hommes de guerre de tous les temps prend forme.

1795 Le massacre de Quiberon. Après la multiplication des théâtres d'opération en 1794, l'année 1795 semble passablement calme sur le plan militaire. La coalition anti-républicaine et anti-française s'essouffle ; d'ailleurs, la Prusse, la Hollande et l'Espagne vont la quitter. Seulement trois grandes batailles vont marquer cette époque, la plus tristement célèbre étant celle de Quiberon.

1796 La chevauchée fantastique en Italie. Tandis que les généraux Kléber, Moreau et Jourdan en décousent avec les Autrichiens en Allemagne, Bonaparte entame sa campagne d'Italie où se manifeste d'une façon éclatante son génie militaire et son aptitude organisatrice. Tout paraît simple et aisé aux soldats français, tandis que les généraux autrichiens, les Beaulieu, Wurmser, D'Alvinzy et autres ne savent plus quoi faire pour contrecarrer ce stratège et tacticien hors normes. Bonaparte s'étonne lui-même de la renommée qu'il est en train d'acquérir et commence à se demander s'il ne pourrait pas un jour devenir un acteur décisif sur la scène politique.

1797 L'Autriche boutée hors d'Italie. La première campagne d'Italie se termine triomphalement : des victoires, encore des victoires, dont notamment celle de Rivoli qui entraîne la chute de Mantoue. Bonaparte est devenu célèbre dans toute la France et cette célébrité commence à inquiéter le Directoire. Inquiète, l'Autriche ne l'est pas moins, d'autant que les victoires françaises ont eu pour effet de répandre davantage dans ce pays, et sans doute ailleurs, les idées révolutionnaires françaises. L'Europe a peur d'une révolution qui a trouvé son glaive.

1798 L'expédition d'Égypte. Qui en eut l'idée ? Quel était son but ? Les historiens divergent. On peut penser que le Directoire cherchait ainsi à indisposer le commerce maritime anglais. Il n'est pas douteux par ailleurs qu'il voulait trouver le moyen d'éloigner de France un général trop célèbre et trop ambitieux. Quant à Bonaparte, ses succès foudroyants en Italie lui avaient sans doute soufflé le désir de marcher sur les pas d'Alexandre le Grand. L'intelligentsia française, pour sa part, appelait de ses vœux une aventure si pleine de promesses poétiques et de découvertes archéologiques. Enfin, les commerçants français installés sur les bords du Nil ne voyaient pas d'un mauvais œil une expédition qui leur apporterait une sécurité qui leur faisait défaut. Quoi qu'il en fut, c'est une petite armée de trente-deux mille hommes qui embarqua à Toulon le 19 mai, s'empara en passant de Malte et débarqua de force à Alexandrie le 2 juillet. L'année 1798 sera marquée pour elle par une victoire demeurée légendaire, celle des Pyramides, et par un désastre, celui d'Aboukir.

1799 La deuxième coalition. Pendant que Bonaparte poursuit victorieusement son rêve égyptien, en Europe les affaires reprennent : les Français doivent se battre un peu partout, en Allemagne, en Hollande, en Italie, même en Suisse. Les Jourdan, Schérer, Macdonald, Masséna, Brune, pour ne citer qu’eux, sont aux prises avec les Autrichiens, les Russes, les Anglais. Entre mars et novembre vont se dérouler, avec des fortunes diverses, pas moins de seize grandes batailles.

1800 L’année du Premier consul. Le 18 Brumaire An VIII (9 octobre 1799), la Première République avait expiré en donnant naissance à une véritable dictature militaire. Devenu Premier consul, Bonaparte rêve pour la France d’ordre et de paix. Reste l’entêtement de l’Autriche qu’il faudra vaincre pour obtenir l’un et l’autre. Ce sera l’affaire de six grandes batailles à l’issue desquelles les Autrichiens baisseront enfin les armes. De son côté, Kléber assure victorieusement la présence française en Égypte.

1801 La paix de Lunéville et la fin de l’aventure égyptienne. Le traité de paix de Lunéville, signé le 9 février, a enfin ramené la paix en Europe. Bonaparte va donc pouvoir se consacrer à la réorganisation du pays. Du coup, l’Égypte ne l’intéresse plus : le corps expéditionnaire français va devoir se débrouiller tout seul, tant bien que mal, avant d’être chassé d’Égypte par les Anglais.

1802 à 1804 La paix d’Amiens. Signé le 27 mars 1802, le traité d’Amiens neutralise la dernière puissance belliqueuse, l’Angleterre, et met fin à dix ans de guerre générale. Bonaparte s’occupe alors activement de la centralisation du gouvernement et de l’administration : institution des préfets dans les départements, fonctionnarisation de la justice, création du franc germinal, institution du code civil, création des lycées. Le 2 août 1802, il s’est fait octroyer le consulat à vie. En se faisant sacrer empereur en juillet 1804, il met le point final à la Révolution tout en barrant le passage à un éventuel retour de la royauté. À l’extérieur, la France tente vainement de se constituer en Amérique un empire colonial à partir de la Louisiane qu’elle finira par vendre aux Etats-Unis d’Amérique après son échec à Saint-Domingue. La paix sera finalement de courte durée : dès 1803, à l’instigation de l’Angleterre, se prépare déjà une troisième coalition qui regroupera, sous l’égide d’Albion, la Russie, l’Autriche, Naples et la Suède. La guerre va reprendre en 1805, et ce pour de nombreuses années.

1805 Le soleil se lève à Austerlitz. Considérant que l’Angleterre constitue le plus grand ennemi de son empire naissant, Napoléon va préparer son invasion. Hélas ! La défaite cruelle de Trafalgar va devoir le faire renoncer à son projet. Il va donc continuer à contenir l’Europe continentale en armes, ses lieutenants volant de succès en succès, lui-même apportant le coup de grâce lors d’une victoire qui demeure l’une des plus remarquables de l’histoire militaire de tous les temps.

1806 Les débuts malheureux de la quatrième coalition. L’Angleterre ne désarme pas. En octobre 1806 entre en scène une quatrième coalition qu’elle a formée avec la Prusse et la Russie. Pour l’heure, c’est la Prusse qui se met en première ligne. Elle ne connaîtra cette année-là que des défaites et verra même sa capitale investie par les Français.

1807 Au tour des Russes. Après l’écrasement des Prussiens lors de la campagne de Saxe, Napoléon neutralise les Russes qui ne connaîtront que la défaite dans la campagne de Pologne qui s’achève par la bataille décisive de Friedland. Le traité de Tilsit, signé le 8 juillet 1807, a pour effet de démembrer la Prusse et sert de cadre à une alliance secrète entre l’Empereur et le tsar Alexandre Ier. La quatrième coalition n’est plus. Napoléon a les mains libres pour s’atteler à un projet pernicieux : la conquête de la péninsule ibérique.

1808 Le bourbier espagnol. Les peuples n’ont pas toujours les dirigeants qu’ils méritent. En contemplant l’aspect lamentable de la monarchie de Charles IV, Napoléon se faisait une idée erronée du peuple espagnol. Il fut certainement surpris par la guerre acharnée qu’il lui fit avec l’aide de l’Angleterre. Il dut se rendre personnellement en Espagne pour redresser une situation militaire compromise et consolider l’assise de son frère, Joseph Bonaparte, qu’il avait placé sur le trône d’Espagne. À partir de 1808, et presque jusqu’à la veille de la chute de l’Empire, la guérilla espagnole ne cessera d’obérer le potentiel militaire français alors que les événements allaient ailleurs exiger sa pleine capacité.

1809 La dislocation de la cinquième coalition. Tandis que la guerre continue à faire rage en Espagne, avec des fortunes diverses, Anglais et Autrichiens vont vainement tenter d’en profiter pour arriver à leurs fins : la chute de Napoléon. Ils vont l’attaquer un peu partout, sur terre comme sur mer, en Bavière, en Autriche, en Hongrie, en Italie. Peine perdue ! Les Français sont trop forts. Tout cela se terminera par la paix de Vienne qui enlèvera à l’Autriche des territoires considérables en attendant que lui soit enlevée son archiduchesse, Marie-Louise.

1810 La belle victoire de Grand-Port. En Espagne, la situation des Français semble se stabiliser. Dans le reste de l’Europe, l’époque de la multiplicité des champs de bataille paraît révolue. C’est sur mer que l’Angleterre persiste. La belle victoire des Français dans les eaux de l’île de France (île Maurice) n’empêchera pourtant pas les Anglais de s’emparer de ce joyau de l’océan Indien à la fin de 1810.

1811 Les Anglais dans la péninsule Ibérique. Débarquées au Portugal, des troupes anglaises viennent aider les Espagnols avec l’appui des Portugais. Un certain Arthur Wellesley, vicomte de Wellington, va montrer aux Français ce dont il est capable.

1812 La Bérézina. Nombreux sont les historiens qui débattent encore aujourd’hui sur deux points concernant la campagne de Russie : pourquoi Napoléon s’est-il engagé dans cette aventure et pourquoi, une fois la décision prise, a-t-il attendu le 24 juin 1812 pour franchir le Niémen ? Sur le premier point, on fait généralement état des mauvaises relations franco-russes à partir de 1810. La création du grand-duché de Varsovie avait, certes, fortement mécontenté le tsar Alexandre Ier. Pour Napoléon, la goutte d’eau qui fit déborder le vase fut certainement la sortie de la Russie du blocus continental. Était-ce suffisant pour aller se mesurer avec une puissance dont, par ailleurs, on ignorait peut-être les ressources du nationalisme populaire, comme on avait auparavant ignoré celles de l’Espagne ? Quant au deuxième point, on met évidemment en exergue l’habitude qu’avait l’Empereur de mener la guerre éclair ; il y eut sans doute là aussi négligence de tenir compte de la capacité russe à pratiquer la guérilla. Toujours est-il que la guerre éclair des Français fut considérablement freinée par la guerre patriotique des Russes. Quand Napoléon mit fin à l’aventure, il était déjà trop tard et la retraite que la rigueur de l’hiver russe l’obligea à ordonner constitua l’une des plus grandes catastrophes militaires de l’histoire.

1813 La sixième coalition et la campagne d’Allemagne. À peine sortis du guêpier russe, les Français vont voir surgir devant eux la menace d’une nouvelle coalition regroupant Anglais, Russes, Prussiens, Autrichiens, princes allemands, Suédois. Contre des forces la plupart du temps deux fois supérieures en nombre, l’Empereur va encore accumuler les victoires avant de chuter lourdement à la bataille de Leipzig, la bataille « des nations ».

1814 La merveilleuse campagne de France. Les spécialistes de l’art de la guerre sont unanimes : c’est lors de la campagne de France que l’Empereur montra toute la mesure de son génie militaire. Se battant à un contre trois avec des troupes inexpérimentées, les jeunes « Marie-Louise », encadrées par des officiers dont certains, complètement désabusés, ne songeaient qu’à protéger leur vie, il parvint quand même à engranger une belle série de victoires. Ce n’est qu’après la reddition de Paris qu’il décida, constatant la désaffection de ses généraux, d’abdiquer, le 6 avril 1814, à Fontainebleau.

1815 La légende de Waterloo. Trafalgar, la Bérézina, Waterloo, telles sont les trois grandes défaites françaises que le langage populaire associe aux catastrophes. Waterloo demeure pourtant en la matière la meilleure référence car elle est empreinte de ce sentiment d’injustice que l’on ressent quand le destin est plus fort que la logique : Napoléon aurait dû gagner la bataille de Waterloo. S’il n’en a pas été ainsi, c’est parce qu’une série d’incongruités du sort ont démoli à plaisir la belle mécanique qui devait conduire à la victoire. Ces incongruités, on peut en citer plusieurs dont aucune, prise isolément, ne fut à elle seule déterminante : ainsi la maladresse du maréchal Soult dans la transmission des ordres, ainsi l’incroyable négligence d’un Grouchy comme frappé d’amnésie. Waterloo est donc devenu un lieu légendaire : c’est la « morne plaine » de Victor Hugo, c’est le fameux mot de Cambronne, c’est le début de la fortune d’un certain Rotschild qui parvint à faire croire à Londres que Napoléon était vainqueur et qui put ainsi faire main basse sur la bourse des valeurs agonisante. Waterloo, c’est enfin la chute de l’Empire ; mais c’est sans doute aussi le commencement de la fin pour les monarchies européennes autoritaires : la Révolution française, débarrassée de son épée, va pouvoir enfin partir à la conquête pacifique des peuples. Waterloo, en dernier ressort, c’est le Waterloo de l’aristocratie européenne.

 

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