ESPAGNE (guerre de la Succession d’). Guerre à l’échelle européenne qui opposa principalement le roi de France Louis XIV et l’empereur Léopold Ier pour la succession du trône espagnol après la mort du roi Charles II. Le roi de France soutenait la candidature de son petit-fils, Philippe d’Anjou, tandis que l’empereur se faisait le champion de son propre fils, l’archiduc Charles (futur empereur Charles VI). Philippe d’Anjou fut reconnu roi d’Espagne sous le nom de Philippe V. À l’exception de la Bavière, tous les pays d’Europe ne tardèrent pas à contester cette dévolution. Ainsi commença en 1701 une longue guerre qui ne devait s’achever qu’en 1712. Français et Espagnols connurent d’abord la défaite à Chiari, en Lombardie (1er septembre 1701 : victoire du feld-maréchal autrichien Eugène de Savoie-Carignan sur le maréchal de France François de Neufville, duc de Villeroi), puis la victoire à Friedlingen, en Allemagne (14 octobre 1702 : victoire du maréchal de France Villars sur le margrave de Bade Louis-Guillaume Ier). Le 23 octobre 1702, la flotte espagnole d’Amérique fut défaite par les Anglais à Vigo, port de Galice. Höchstäedt, en Bavière, vit d’abord la victoire des Français et des Bavarois sur les Autrichiens le 20 septembre 1703, puis celle des Anglais et des Autrichiens sur les Français et les Bavarois le 13 août 1704. À Cassano d’Adda, en Lombardie, le duc Louis-Joseph de Vendôme vainquit Eugène de Savoie-Carignan le 16 août 1705. À Ramillies, en Belgique, le général anglais John Churchill, 1er duc de Marlborough et Eugène de Savoie-Carignan disposèrent des Français de Villeroi et de l’électeur de Bavière Maximilien II Emmanuel le 23 mai 1706. En Espagne, à Almansa, eut lieu le 25 avril 1707 une étrange bataille où le maréchal anglais naturalisé français James Stuart Fitz-James, duc de Berwick, vainquit une coalition d’Anglais, menés par le comte français Henri de Ruvigny (lord Galloway), d’Espagnols, de Portugais, de réfugiés français, commandés par le chef des Camisards Jean Cavalier, et de Hollandais. Ce furent ensuite deux défaites françaises :
- Oudenaarde, en Belgique (11 juillet 1708 : victoire des Impériaux, commandés par Marlborough, sur le duc de Vendôme et le duc de Bourgogne Louis de France, petit-fils de Louis XIV) ;
- Malplaquet (11 septembre 1709 : victoire des Anglais, des Autrichiens, des Prussiens, des Hollandais, des Saxons et des Suédois, commandés par Marlborough, Eugène de Savoie-Carignan et le comte de Tilly sur Villars).
À Brihuega, en Espagne, le duc de Vendôme et le roi d’Espagne Philippe V vainquirent les Anglais le 9 décembre 1710. La bataille décisive devait être celle de Denain, près de Valenciennes, où, le 24 juillet 1712, Villars, à la tête de la seule armée qui restât à la France, vainquit Eugène de Savoie-Carignan. La guerre prit fin avec une série de traités : ceux d’Utrecht (11 avril 1713), de Rastatt (7 mars 1714), de Baden (7 septembre 1714), d’Anvers (15 novembre 1715). Philippe V sauvegardait son trône mais perdait nombre de possessions espagnoles en Italie et aux Pays-Bas récupérées par l’empereur ; l’Angleterre s’assurait la possession de Gibraltar et annexait Terre-Neuve et l’Acadie.
Bibliographie : Pedro Voltes, La guerra de Sucesión, Planeta, 1990.