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CLÉOPÂTRE VII


CLÉOPÂTRE VII. Dernière reine d’Égypte à partir de 51 av. J.-C. (Alexandrie, Égypte 69 av. J.-C. – Alexandrie 30 av. J.-C.). Fille de Ptolémée XII, dit Aulète le joueur de flûte, elle épousa son frère, Ptolémée XIII Philopator, qui la chassa du trône. Jules César, dont elle était devenue la maîtresse, la rétablit sur le trône. Après la mort de César, elle épousa Marc Antoine. La politique d’annexion suivie par Marc Antoine et Cléopâtre lui paraissant menacer l’hégémonie romaine en Méditerranée, Octave (le futur empereur Auguste) leur déclara la guerre et leur livra la bataille navale d’Actium (aujourd’hui Akra Nikolaos), au sud de Corfou, le 2 septembre de l’an 31 av. J.-C. Alors que la bataille semblait indécise, l’Antoniade de Cléopâtre et les soixante vaisseaux égyptiens quittèrent l’action, abandonnant Marc Antoine à son triste destin. Octave et le général Agrippa vainquirent Marc Antoine. Après le suicide de ce dernier, Cléopâtre tenta vainement de séduire Octave et se suicida à son tour en se faisant piquer par un aspic.

Dans son ouvrage consacré à Aspasie, Cléopâtre, Théodora (Paris, Calmann Lévy, 1890), Henry Houssaye décrit ainsi la défection de Cléopâtre à la bataille d'Actium : "Succès et échecs se compensaient. Dans les deux partis on combattait avec une égale fureur et la victoire restait incertaine. La nervosité de Cléopâtre allait tout perdre. Depuis plusieurs heures, elle était dans la fièvre et dans l'angoisse. Du pont de l'Antoniade, elle suivait anxieusement des yeux les mouvements des vaisseaux. D'abord elle avait espéré la victoire. Maintenant, épouvantée par le tumulte et les clameurs, elle ne souhaitait plus que fuir. Elle attendait avec une impatience, qui s'accroissait de minute en minute, le signal de la retraite. Soudain, elle voit l'aile droite s'éloigner vers la côte d'Épire, l'aile gauche gagner le large, et le centre, le centre qui la protège, attaqué, abordé, désuni, rompu, percé par les liburnes romaines. Alors, "pâle de sa mort prochaine", -pallens morte futura(*)- n'écoutant plus que sa peur, Cléopâtre fait hisser les voiles, et avec ses soixante vaisseaux elle passe au travers des combattants et s'enfuit vers la haute mer(**). Au milieu du combat, Antoine aperçoit le mouvement de l'escadre égyptienne. Il reconnaît les voiles de pourpre de l'Antoniade. C'est Cléopâtre qui fuit, en lui enlevant au moment décisif sa puissante réserve. Mais la reine n'a pu ordonner la retraite. C'est lui seul qui en devait donner le signal. Il y a une méprise, un faux mouvement, une panique. Antoine fait à son tour hisser les voiles de sa galère. Il s'élance à la suite de Cléopâtre. Il ramènera les vaisseaux égyptiens et rétablira les chances de la bataille. Mais, avant de rejoindre l'Antoniade, le malheureux a réfléchi. Cléopâtre l'a abandonné par lâcheté ou par trahison. Il ne ramènera à Actium ni elle ni ses vaisseaux. Il pense à retourner au combat, qui n'est plus qu'une déroute, pour se faire tuer avec ses soldats. Mourir sans revoir Cléopâtre ! il ne le peut pas. Une force fatale l'entraîne sur les traces de cette femme. Il aborde l'Antoniade, mais alors la honte de lui-même l'envahit. Il refuse de voir la reine. Il va s'asseoir à la proue du vaisseau et y reste trois jours et trois nuits, la tête dans ses mains(***)".

(*) Virgile, Æn., VIII, 709.

(**) Velleius Paterculus, II, 83 ; Plutarque, Anton. LXXXIII ; Florus, IV, 11 ; Dion, L, 33.

(***) Velleius Paterculus, II, 85 ; Plutarque, Anton. LXXIV ; Florus, IV, 11 ; Dion, L, 33.

 

Iconographie :

  • le Banquet de Cléopâtre, fresque de Tiepolo représentant la reine recevant Antoine à dîner (palais Labbia, Venise) ;
  • le Débarquement de Cléopâtre à Tarse, tableau de Claude le Lorrain (musée du Louvre, Paris).
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