ABD EL-KADER. Émir arabe d’Algérie (Mascara, Algérie 1807 – Damas 1883). La conquête de l’Algérie par les Français transforma ce théologien en guerrier. Proclamé sultan par les tribus de l’Oranie le 22 novembre 1832, il imposa son autorité aux anciennes milices du bey et mena pendant quinze années la guerre sainte contre les Français. Ces derniers l’avaient pourtant aidé à asseoir son autorité sur la plus grande partie de l’Algérie en vue d’établir un protectorat. Abd el-Kader organisa alors un État arabe fondé sur l’Islam, recrutant ses dirigeants dans l’autocratie religieuse et entraînant par là-même une opposition de la noblesse militaire et des tribus berbères. Il constitua cependant une armée de 10 000 hommes et fit construire des places fortes. Le 28 juin 1835, à la tête de plusieurs milliers de cavaliers, Abd el-Kader battit les 2 500 hommes du général Trézel sur les bords de La Macta, près de Mostaganem. Ce fut ensuite la défaite de La Sikkah : le 6 juillet 1836, le général Bugeaud battait Abd el-Kader sur les bords de cette rivière de l’Algérie occidentale. En novembre 1839, l’armée d’Abd el-Kader envahissait la plaine de la Mitidja, recommençant ainsi la guerre contre les Français. Ceux-ci gagnèrent alors la bataille de Chiffa le 31 décembre 1839. Après la prise de sa smala par le duc d'Aumale, 4e fils du roi Louis-Philippe Ier, en mai 1843, Abd el-Kader fut contraint de se réfugier au Maroc. Il parvint alors à entraîner le sultan du Maroc dans la guerre. Battu sur les rives de l'Isly le 14 août 1844, ce dernier dut alors chasser son protégé du Maroc. Quelques mois plus tard, Abd el-Kader, profitant de nouveaux mouvements insurrectionnels, reprenait pourtant la lutte. En 1845, pendant trois jours, du 23 au 25 septembre, une colonne de chasseurs français, sous le commandement du lieutenant-colonel Lucien de Montagnac, fut aux prises avec près de 3 000 cavaliers de l’émir. Le marabout dit de Sidi Brahim, du nom d’un bourg situé à l’ouest de Tlemcen, près de la frontière marocaine, servit de refuge aux soixante-dix-neuf Français rescapés. Seuls douze d’entre eux survécurent. Finalement traqué, l’émir alla de nouveau se réfugier au Maroc dont il fut encore chassé après avoir tenté de renverser le sultan. Il se rendit alors aux Français, le 23 décembre 1847. Fait prisonnier et interné en France, il sera libéré par Napoléon III le 16 octobre 1852. Abd el-Kader, retiré en Turquie, puis à Damas, termina sa vie comme il l’avait commencée, dans l’étude et la méditation religieuses. En 1860, il intervint en faveur des chrétiens lors des massacres de Syrie, ce qui lui valut d'être décoré de la Légion d'honneur par Napoléon III.
Iconographie : La Reddition d'Abd el-Kader le 23 décembre 1847 (tableau d'A. Régis, musée Condé, Chantilly)