ALBAINES. Hongroises qui se distinguèrent au milieu du XVIe siècle par leur résistance armée aux envahisseurs turcs.
"On vit d'abord les effets de leur courage au siège d'Albe(*) (Stuhlweiffembourg), capitale de ce royaume ; plusieurs se portèrent sur les remparts, afin de venger la mort de leurs maris, et frappèrent d'étonnement l'armée ottomane ; on rapporte que l'une d'elles, placée à l'endroit le plus périlleux, abattit avec une faulx la tête de deux Turcs qui se montrèrent successivement pour escalader la muraille. La ville de Valpon fut défendue, pendant cette même guerre, trois mois durant par une femme. La place d'Agrin montra encore la valeur des Hongroises ; elles secondèrent les combattants, en leur portant tous les projectiles possibles. Comme l'une d'elles, armée d'une grosse pierre, eut la tête emportée par un boulet, sa fille, ivre de fureur, ramassa la pierre, la lança contre les ennemis, puis se jeta au milieu d'eux, sacrifiant sa vie pour en blesser plusieurs ; à deux pas de cette scène, une autre femme refusait d'emporter le cadavre de son mari abattu par un coup de feu et restait à son poste sur le rempart, disant : "Défendons la patrie, avant de rendre les devoirs aux morts." Au siège de Szigeth, une femme donna un exemple mémorable ; son mari, pour la soustraire aux outrages, voulait la tuer avant d'aller combattre, mais elle : "Attends, cher époux, qu'au moins la perte de ma vie soit nuisible à nos adversaires." Elle dit, prend un habit d'homme, des armes, un cheval, court au champ de carnage, se mêle aux officiers, combat avec bravoure, jonche la terre de Turcs, anime son mari par sa présence et ses exploits, jusqu'au moment où elle tombe épuisée sur le corps de celui-ci déjà terrassé." (Édouard de La Barre Duparcq, Histoire militaire des femmes, Paris 1873).
(*) D'où leur désignation fréquente, pour ce fait particulier, sous le nom d'Albaines.