PACHECO (Doña María). Femme de Don Juan de Padilla ( ? – 1531). Après la défaite des « Comuneros » (révolte des communes espagnoles dirigée contre l’entourage flamand de Charles Quint auquel était alors confié le gouvernement de l’Espagne), le 21 avril 1521 à Villalar, village situé près de Peñaflor, au nord de la Castille, Juan de Padilla, l’un des meneurs de l’insurrection, fut décapité. Sa femme fit alors montre d’un courage héroïque et soutint un siège dans Tolède contre les troupes de Charles Quint en 1522. À court de munitions et de vivres, elle put s’évader de la ville et, sous un déguisement, se réfugier au Portugal où elle mourut quelques années après.
Dans un ouvrage paru en 1847 et réédité en 1995 (Histoire et description de l'Espagne), Joseph Lavallée décrit ainsi l'action de Doña Pacheco : "Padilla tomba sous la hache du bourreau, et avec lui périrent toutes les anciennes libertés de la Castille. Valladolid, effrayé par la déroute des comuneros, implora le pardon des vainqueurs. Une amnistie générale lui fut accordée. On n'en excepta que dix-huit personnes. Ségovie, Salamanque, Médina del Campo et les autres villes suivirent l'exemple de Valladolid. Tolède, au contraire, loin de se laisser intimider par le supplice de Padilla, en reçut un nouvel élan. Ceux des habitants qui favorisaient le parti des royalistes ouvrirent les portes de la ville au marquis de Villena. Mais la veuve de Padilla, la vaillante Maria de Pacheco, se renferma dans l'Alcazar ; et non seulement elle put s'y maintenir, elle parvint encore à chasser les royalistes de Tolède. Alors la ville fut assiégée par l'armée de la noblesse ; mais les comuneros, animés par Maria de Pacheco, se défendirent avec la plus grande intrépidité. Ils manquaient de vivres et de munitions ; mais ils allaient en chercher dans le camp même des assiégeants, où ils se précipitaient avec cette furie que donne le désespoir. Ces combats, dont ils sortaient souvent vainqueurs, se répétaient chaque jour ; mais, dans une de ces rencontres, on leur tua seize cents hommes ; et cette perte épuisa leurs moyens de défense. La ville capitula, et par l'intervention du clergé elle obtint une amnistie. Tout le monde déposa les armes, à l'exception de Maria Pacheco. Cette héroïne, qui n'espérait ni ne demandait de pardon, se renferma dans l'alcazar. On l'y assiégea, mais elle se défendit pendant trois mois. On parvint à forcer cette citadelle ; cependant Maria ne se rendit pas encore ; elle se retrancha dans sa maison. Enfin, quand toute défense fut devenue impossible, elle s'échappa déguisée en paysanne, et avec son fils elle se rendit en Portugal auprès de l'archevêque de Braga son parent. Son fils y mourut bientôt, et elle-même ne tarda pas à succomber."